Chocolat hypocrite

Il y a quelques mois, j’ai commenté dans ce post qu’une entreprise finlandaise faisait la promotion du café cultivé en laboratoire sous le prétexte de la durabilité. Maintenant, une entreprise américaine, California Cultured Inc, porte le cynisme technologique à de nouveaux niveaux.

Cela vaut la peine de regarder la vidéo sur leur site Web pour voir comment ils justifient la production de cacao cultivé en laboratoire : parce qu’elle est durable (elle n’implique pas de déforestation pour cultiver le cacao) et parce qu’elle n’utilise pas le travail des enfants.

Cela me semble être une hypocrisie technologique pour les mêmes raisons que j’ai données dans le cas de la Finlande pour le café. De nombreux pays qui sont aujourd’hui riches se sont enrichis en déforestant leurs terres au 19e siècle. Il n’y a plus de forêts primaires en Europe, à l’exception d’un petit bout en Pologne. Les États-Unis ont déboisé la moitié du pays entre 1620 et 1925. S’ils ont ensuite augmenté leur surface forestière, comme en Europe, c’est parce qu’ils le peuvent et que nous pouvons nous le permettre.

La Côte d’Ivoire vit de ses exportations de cacao. Ils ne déforestent pas pour le plaisir, mais pour gagner leur vie. La culture du cacao pourrait-elle être mieux gérée ? Certainement. Pourrait-on faire davantage pour éliminer le travail des enfants ? Le cacao du commerce équitable fait déjà beaucoup pour y parvenir. Si la pauvreté est éradiquée, le travail des enfants disparaîtra très probablement.

Cela signifie-t-il que je suis contre la conservation des forêts ? Non, ce que je pense, c’est que si nous voulons empêcher les forêts de disparaître, nous devons payer leur conservation à leurs propriétaires, les personnes qui y vivent. Comme dans les pays riches, l’existence des forêts doit être compatible avec leur exploitation, tout comme la création de parcs nationaux doit respecter les personnes qui y vivent. Toute action environnementale – par exemple, la réduction du bétail pour réduire les émissions de méthane – doit tenir compte des personnes qui en vivent et les indemniser.

Quand tout cela arrivera, nous verrons si nous considérons le cacao de laboratoire comme éthique et durable, ou plutôt hypocrite.

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